Santé mentale: pas que du négatif dans les réseaux sociaux

Afin de briser le sentiment d’isolement qui affecte certains jeunes, le Mouvement Santé mentale Québec organise un concours de création artistique.

Les nouvelles technologies et les médias sociaux jouent un rôle dans le sentiment d’isolement que vivent beaucoup de jeunes. Toutefois, il ne faudrait surtout pas les «démoniser», car ils peuvent aussi avoir des effets positifs, selon le Mouvement Santé mentale Québec.


«Il faut faire attention parce qu’on sait que les médias sociaux permettent à certains jeunes qui sont marginalisés ou qui vivent des réalités différentes de se trouver des groupes de soutien en ligne, et ça, c’est vraiment important», commence Renée Ouimet, directrice du Mouvement Santé mentale Québec.

D’après la directrice, qui est aussi psychologue et psychothérapeute de formation, un des points essentiels pour contrer l’isolement et favoriser une bonne santé mentale est justement «de créer des liens bienveillants».

Elle insiste: «les liens en ligne sont importants», mais admet du même souffle que les interactions sociales réelles apportent une autre dimension.

«Lorsqu’on se voit et on se regarde pour vrai dans les yeux, on peut voir la réaction de l’autre pendant la discussion, on peut se demander: “comment ça va ?” et répondre par plus qu’une simple phrase, donc on est capable de mettre de la viande autour de l’os».

—  Renée Ouimet, directrice du Mouvement Santé mentale Québec

«Quand on voit l’autre, on peut sentir ses émotions, sa détresse, sa souffrance et mieux comprendre. Quand on est en ligne, on n’a pas toujours accès à ça», ajoute-t-elle.

Pandémie et individualisme

Selon une étude menée en septembre 2021 par Statistique Canada, 23 % des jeunes de 15 à 25 ans disaient «se sentir toujours ou souvent seuls». Selon la directrice du Mouvement Santé mentale Québec, deux facteurs importants expliquent ce sentiment de solitude.

«Quand on perd l’habileté d’être ensemble, des choses qui peuvent paraitre complètement banales — comme se voir, se dire bonjour et interagir — quand on ne l’a pas fait pendant un bout de temps ça devient un enjeu qui n’est pas aussi automatique», soutient la psychothérapeute, en désignant comme premier facteur les effets néfastes de la pandémie.

Pourtant, selon Mme Ouimet, le simple fait «de dire bonjour à quelqu’un au dépanneur» peut briser le sentiment de solitude. Mais cette interaction demande «un petit effort, et un peu de son temps.»

«Notre société est plus individualiste qu’auparavant. C’est un autre gros défi», indique-t-elle comme deuxième facteur. L’organisation sociale et les familles sont «moins denses», ce qui réduit les chances de trouver une oreille qui sera prête à nous écouter, ou une épaule qui pourra accueillir notre peine.

Ces deux problèmes peuvent aussi être exacerbés par l’utilisation des médias sociaux, qui donnent l’impression «d’être seul dans une foule» innombrable.

«On a toujours l’impression que les gens y sont meilleurs. Les photos sont refaites, transformées et on montre juste les bons côtés de nous-même», note Mme Ouimet.

Sortir du cadre

Afin de briser ce sentiment d’isolement et d’aider les jeunes à tisser «un filet social» qui sera là pour les soutenir en cas de besoin, le Mouvement Santé mentale Québec organise un concours de création artistique.

Les jeunes de 12 à 25 ans ont jusqu’au 15 avril pour répondre à des questions «qui favorisent le développement de relations bénéfiques et authentiques» via l’utilisation du médium artistique de leur choix, par exemple le dessin, la danse, ou encore le bricolage.

Un tirage aura lieu parmi toutes les œuvres afin de sélectionner celles qui apparaitront dans un livre aux éditions TNT qui sera publié en septembre prochain. Une exposition artistique itinérante sera également organisée dans la province.

«La création parfois ça permet de dire des choses qu’on n’arrive pas à mettre en mots», d’avoir une meilleure compréhension de nos propres émotions, et «d’en discuter avec les autres» conclut Mme Ouimet.